Marx,
un "génie novateur"
En
écrivant son ouvrage clé « Das Kapital » (Le
Capital publié en 1867), Karl Marx n'a pas simplement
« révolutionné » la pensée, il a fondé une nouvelle
« religion ».
Le
rationalisme est donc devenu le père, le matérialisme le fils, et
le contrôle de l'état le Saint Esprit, la trinité revisitée.
« Toucher »
au grand Marx, prophète de la vérité, est donc devenu un
« blasphème » et personne n'ose faire le bilan (avant
liquidation) du marxisme.
Pourtant,
pour ceux qui n'ont pas encore compris ce qu'est la dialectique,
après avoir eu le capitalisme (la thèse) et le socialisme
(l'antithèse) nous aurons bientôt la synthèse : le
capitalisme centralisé régulé.
Plonger au coeur de
la pensée de notre « grand génie novateur » est donc
devenu indispensable.
Marx
est un penseur à part, cependant, il s'inscrit au sein d'une grande
chaîne d'intellectuels. En effet, sans Descartes (rationalisme), Spinoza
(matérialisme),
Hégel (dialectique), Feuerbach (athéisme), Comte (Sociologie),
Smith (baisse tendancielle du taux de profit), Ricardo (théorie de
la valeur travail) et surtout Lamennais, le véritable "père" de la
lutte des classes, la pensée marxiste serait réduite à peau de chagrin.
Il
existe en effet un grand secret qu'il faut désormais dévoiler, la
lutte des classes n'est pas un concept marxiste mais chrétien.
Lorsque
le prêtre Félicité
Robert de Lamennais écrivit le
Livre du peuple
en 1837, c'est à dire huit ans avant les premiers manuscrits de Marx
(1844), il suscita un tollé général.
Dans
cet ouvrage, il définissait les deux concepts cultes attribués
faussement à Karl Marx : le prolétaire et la lutte des classes.
Lamennais écrivait
ainsi aux pages 17 et 18 de son livre phare :
« Les
prolétaires, ainsi qu'on les
nomme avec un superbe dédain, affranchis individuellement, ont été
en masse la propriété de ceux qui règlent les relations entre les
membres de la société, le mouvement de l'industrie, les conditions
du travail , son prix et la répartition de ses fruits. Ce qu'il
leur a plu d'ordonner, on l'a nommé loi, et les lois n'ont été
pour la plupart que des mesures d'intérêt privé, des moyens
d'augmenter et de perpétuer la domination et les abus de la
domination du petit nombre sur le plus grand.
Tel est devenu le monde lorsque le lien de la fraternité a été brisé. Le repos, l'opulence, tous les avantages pour les uns; pour les autres la fatigue, la misère et une fosse au bout.
Ceux-là forment, sous différents noms, les classes supérieures, les classes élevées; de ceux-ci se compose le peuple. »
Tel est devenu le monde lorsque le lien de la fraternité a été brisé. Le repos, l'opulence, tous les avantages pour les uns; pour les autres la fatigue, la misère et une fosse au bout.
Ceux-là forment, sous différents noms, les classes supérieures, les classes élevées; de ceux-ci se compose le peuple. »
Source : Lamennais - Le livre du peuple
Plus
intéressant encore, Lamennais fut le premier à aborder, à la page 28
de son ouvrage, le concept de lutte des classes, ce qui lui valut un
procès retentissant.
« Toute
domination implique des classes distinctes,
par conséquent des privilèges, par conséquent un
assemblage d'intérêts qui se combattent. »
Elias Régnault dans
son ouvrage Procès de M.F. Lamennais devant
la Cour d'assises, à l'occasion d'un écrit publié en 1841, précisait à la page 24, le contenu du réquisitoire contre Lamennais :
"Le
réquisitoire avait relevé le délit de provocation à la haine
entre les diverses classes de citoyens."
Puis,
plus loin sur la même page expliquait :"Lamennais
avait décrit la lutte des classes qui est devenue la persistante
inquiétude de la législation."
Pourquoi
a-t-on attribué la paternité de la lutte des classes à Karl Marx ?
En
fait, cela arrangeait tout le monde. L'église qui se retrouvait dans
une position délicate, l'élite financière qui percevait le danger
d'une condamnation s'appuyant sur la religion et surtout, les
philosophes et intellectuels de l'époque qui refusaient toute
légitimité à la pensée religieuse. Humour noir au carré, l'
insurrection théologique de Lamennais est devenue la théologie
de l'insurrection marxiste.
Ludwig
Andreas Feuerbach (1804 – 1872) écrivait au même moment (en 1841),
L’Essence
du christianisme, un ouvrage qui
scella le refus complet et total de toute religion.
Le
matérialisme qui affirmait qu'en
dehors de la nature et des hommes, il n’y avait rien, avait vaincu.
Il
est intéressant de noter que le matérialisme qui refusait la
religion devint lui-même une religion...
Le philosophe Friedrich
Engels indiquait l'impact de Feuerbach sur la pensée de Marx dans son
ouvrage
Ludwig
Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande publié en 1888 :
« C’est alors que parut
L’Essence du christianisme de Feuerbach. D’un
seul coup, il réduisit en poussière la contradiction en
replaçant sans détours le matérialisme sur le trône. »
« L’enthousiasme fut général
: nous fûmes tous momentanément des « feuerbachiens ». On peut
voir en lisant La Sainte Famille, avec quel enthousiasme Marx salua
la nouvelle façon de voir et à quel point — malgré toutes ses
réserves critiques — il fut influencé par elle. »
Pour
Feuerbach, la principale aliénation de l'homme était de croire en
Dieu. On comprend mieux l'origine de la phrase (dont on supprime
systématiquement celle venant avant car le sens en serait modifié)
: "La religion est le soupir de la
créature opprimée, l'âme d'un monde sans coeur, comme elle est
l'esprit des conditions sociales d'où l'esprit est exclu. Elle
est l'opium du peuple."
Donc, les concepts de prolétariat et
de lutte des classes appartiennent à un prêtre, Félicité
Robert de Lamennais. Les livres d'histoire doivent désormais être modifiés.
Il
reste cependant la grande loi de la baisse tendancielle du taux de
profit, une loi qui prouve selon les marxistes que le système
capitaliste est condamné.
A l'image du concept de lutte des classes, la baisse tendancielle du taux
de profit n'est pas une idée de Marx. Elle appartient en effet au
philosophe et économiste Adam Smith (1723–1790).
Dans
son ouvrage clé Recherches sur
la nature et les causes de la richesse des nations, Volume 1 publié en 1776, Adam
Smith écrivit à la page 179 :
« L’accroissement
des capitaux qui fait hausser les salaires, tend à
abaisser les profits. Quand les capitaux d’un grand nombre de
riches commerçants sont versés dans la même branche de commerce,
leur concurrence mutuelle tend naturellement à en faire baisser les
profits ; et quand les capitaux se sont pareillement grossis
dans tous les différents commerces établis dans la société, la
même concurrence doit produire le même effet dans tous. »
Il précisait à la page 193 :
«
Dans un pays qui aurait atteint le dernier
degré de richesse auquel la nature de son sol et de son climat et sa
situation à l'égard des autres pays peuvent lui permettre
d'atteindre, qui par conséquent ne pourrait parvenir au-delà, et
qui n'irait pas en rétrogradant, les salaires du travail et les
profits des capitaux seraient probablement très bas tous les deux.
Dans un pays aussi pleinement peuplé que le comporte la proportion
de gens que peut nourrir son territoire ou que peut employer son
capital, la concurrence, pour obtenir de l'occupation, serait
nécessairement telle que les salaires y seraient réduits à ce qui
est purement suffisant pour maintenir le même nombre d'ouvriers, et
le pays étant déjà pleinement peuplé, ce nombre ne pourrait
jamais augmenter. »
On
le voit encore ici, la baisse tendancielle du taux de profit
n'appartient pas à Karl Marx. Cependant,
il y a plus intéressant.
L’économiste
Philippe Simmonnot a ainsi réfuté cette théorie. Voici son
explication:
« Soit V le "capital variable" correspondant aux salaires et C le capital constant correspondant aux machines, outils, bâtiments, terre, etc. Soit encore pl, la plus-value tirée par le patron du travail des salariés. On définit E, le taux d'exploitation par l'équation E = pl/V, et P, le taux de profit par l'équation P = pl/(C + V). La composition "organique" du capital de l'entreprise considérée est définie par l'équation K = (C + V)/V.
A l'aide de ces différentes équations, on peut exprimer le taux de profit (P) en fonction de la composition organique du capital (K) et du taux d'exploitation (E). En effet, pl = V.E ; P = V.E/(C + V) ; donc P = E/K.
Or, dans les conditions de concurrence parfaite qui est le cadre de référence de Marx, le taux d'exploitation (E) et le taux de profit (P) sont les mêmes dans toutes les branches de production quelle que soit la composition organique du capital. Or la dernière équation montre que si la composition organique du capital (K) varie de branche à branche ou d'entreprise à entreprise, le taux d'exploitation étant donné et partout le même, le taux de profit (P) varie de branche en branche ou d'entreprise à entreprise. Ce qui est impossible. »
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