vendredi 25 janvier 2013

Marx : inventaire avant liquidation



« Tout ce qu’on nous a dit sur le communisme était faux, mais tout ce qu’on nous a dit sur le capitalisme était vrai. »
Cette célèbre blague russe prend tout son sens aujourd'hui.
En effet, les bases théoriques de ces deux « idéologies » se heurtent désormais à la réalité.
La fameuse grande loi du capitalisme de marché repose en effet sur les travaux de Léon Walras, le fameux équilibre général.
Pour justifier le capitalisme de marché on a ainsi inventé un concept totalement théorique : la concurrence pure et parfaite. Le déséquilibre général est ainsi devenu la règle.
Cependant, il est à noter que la concurrence pure et parfaite possède un médiateur imparable : la violence.
Thomas Friedman, conseiller spécial de la secrétaire d’État Madeleine Albright sous l’administration Clinton, avait d'ailleurs résumé l'économie en quelques lignes :
« La main cachée qui tire les ficelles du marché a besoin d’un poing caché pour être efficace. McDonald’s ne saurait prospérer sans McDonnell Douglas... Et le poing caché qui assure un monde propice au développement des technologies de la Silicon Valley, c’est l’armée, les forces aériennes, la Marine et le Corps des Marines américains ». 

Chomsky a repris récemment ceci en affirmant que la guerre au terrorisme et le choc des civilisations étaient des mythes.

Le marxisme est donc pour beaucoup l'alternative à l'échec complet et total du capitalisme de marché. Le modèle marxiste est pourtant lui aussi un modèle idéologique basé sur des erreurs communément admises.
Sa grande loi, la valeur travail, l'antithèse du capital (synthèse : l'intégrisme marchand) est fondée sur le culte de la production.
On cherche donc avec frénésie le lien entre monnaie et travail et l'on tourne en rond dans la recherche d'un équivalent travail.
En effet, en voulant justifier à tout prix l'importance du travail et son exploitation, Marx lia monnaie, échange et équivalent-travail, ne se rendant pas compte que son raisonnement engendrait ainsi une redondance cyclique. Pour simplifier : sans échange/pas de monnaie, sans monnaie/pas d'équivalent-travail, sans équivalent-travail/pas d'échange et on continue en boucle...
Il n'osait pas ainsi aller à la source de la valeur, de l'échange, la psyché, et donc, d'affirmer le rôle particulier de l'inconscient et de la violence.
Chercher le Graal, c'est à dire une mesure de la valeur universelle est une chimère.
La valeur, comme la monnaie, bientôt mondiale, s'inscrivent dans la psyché et le rôle de l'inconscient collectif est la clé de l'analyse.
La grande loi de Marx affirmant que « la valeur d´une chose ne reflète que le temps de travail social investit en elle pour la produire » est ainsi totalement fausse.

Pour le démontrer, voici un petit cours d'économie dans le cadre d'une concurrence non pure et non parfaite, la vraie vie :
- cas 1 : un trafiquant de drogue impose son monopole par la violence dans une région donnée, crée la pénurie et inonde le marché. Plus-value maximale !
- cas 2 : Picasso pouvait vendre une fortune un tableau réalisé en moins d'une heure.

- cas 3  : je possède un logiciel de trading plus rapide que celui de mes concurrents, je m’enrichis à
l’aide d’algorithmes financiers sans travailler, le logiciel tourne tout seul.
- cas 4  : je parie 1 million d’euros à la bourse que le CAC 40 va baisser dans dix jours. Si cela se réalise, jackpot ! Temps de travail, 5 minutes !
- cas 5 : je fais n’importe quoi avec des amis et je poste la vidéo sur YouTube qui fait un malheur ! Jackpot !
- cas 6 : je désire m'emparer du pétrole ou de l'uranium d'un pays. Je l'accuse de terrorisme et j'y envoie mon armée. Le chaos généralisé permet de faire baisser la valeur réelle des matières premières que je peux exploiter comme bon me semble, au prix que je décide et sans contraintes environnementales. Jackpot !
- cas 7 : je fais voter une loi séparant les banques de dépôts et les banques d'investissements. Ce faisant, je ne prends plus de risques dans la création de mes produits dérivés et mets donc en place un processus de socialisation des pertes et privatisation des profits.
- etc, etc, etc...

Les débats entre socialisme et capitalisme n'ont aucun sens. Il
n'y a en effet qu'un seul capitalisme qui est bicéphale : le capitalisme de marché et le capitalisme d'état.

Le "bon peuple" (de gauche ou de droite) est en train de forger ses propres chaînes.

La loi de Pareto (inégalité de répartition des richesses) reste la norme de distribution et cela, quel que soit le système, car, elle a pour base un individu égocentrique et violent. C'est ainsi sa grande force car elle fait entrer le facteur psychologique dans l'analyse économique.
Les exemples de l'ex-URSS et de la Chine le confirment.

Comme je l'ai déjà écrit, pour ceux qui n'ont pas encore compris ce qu'est la dialectique, après avoir eu le capitalisme (la thèse) et le socialisme (l'antithèse) nous aurons bientôt la synthèse : le capitalisme centralisé régulé.

A la suite de Marx sauvera-t-il le capitalisme ?, voici quelques approfondissements nécessaires avant d'aborder le cas du capitalisme centralisé régulé.

Marx a été un grand penseur « assis sur les épaules des géants qui l’ont précédé. » pour reprendre la célèbre phrase de Newton. Tout l'intérêt de l'analyse de la pensée de Marx est tout d'abord d'étudier comment elle a été modifiée et rendue "révolutionnaire".
Le besoin d'avoir un modèle, un héros, imposait en effet de bâtir un mythe, et, pour cela, on a attribué à Marx la paternité de concepts qui ne lui appartenaient pas et que l'on a modifié à posteriori.
La mystification a été telle que Marx lui-même, écoeuré, a déclaré : « Ce qu'il y a de certain, c'est que moi je ne suis pas marxiste ».

Je vais donc étudier ici les deux grands concepts attribués faussement à Marx, leur origine et la preuve de leur transformation pour faire de lui un penseur hors du commun.
Tout d'abord, il convient de rappeler que les concepts de prolétariat, lutte des classes et baisse tendancielle du taux de profits lui ont été faussement attribués.

Nous allons donc poursuivre la réflexion en analysant le concept soi-disant marxiste du 
matérialisme dialectique.

I. Le matérialisme dialectique

Il est étonnant de s'apercevoir que Marx n'a jamais utilisé cette expression. Pour lui, il s'agissait d'une dialectique scientifique, expression que l'on retrouve dans sa critique de Proudhon.
« La nature de Proudhon le portait à la dialectique. Mais n’ayant jamais compris la
dialectique vraiment scientifique, il ne parvint qu’au sophisme.  »

C'est en effet Joseph Dietzgen qui a développé le concept de « matérialisme dialectique » dans son livre L’Essence du travail intellectuel humain (1865) et Engels l’a même avoué à moitié dans son ouvrage Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande (1888) :
« Cette dialectique matérialiste, qui était depuis des années notre meilleur instrument de travail et notre arme la plus acérée fut, chose remarquable, découverte à nouveau non seulement par nous, mais en outre, indépendamment de nous, et même de Hégel, par un ouvrier allemand, Joseph Dietzgen. »

En attribuant la paternité de ce concept à Marx, on le propulsait ainsi dans la sphère des "grands philosophes". Voici comment on construit un mythe.
Il est de plus remarquable de constater que Marx s'appuie à ce point sur la dialectique sans en connaître la véritable origine.
En effet, Hegel, le « père » de la dialectique, qui ne se résume pas qu'à thèse/antithèse/synthèse, a tout puisé dans le domaine de la religion.
La véritable source d'Hegel et donc de Marx est le Treizième principe d'herméneutique (reprenant une source antérieure) de la Baraïta de Rabbi Ishmaël (I-IIè siècle) qui est une introduction au Sifra, un commentaire sur le Lévitique :
« Deux versets qui se contredisent ne peuvent être résolus qu'au moment où un troisième verset vient résoudre leur apparente contradiction. »

On le constate donc, encore et toujours, la fameuse pensée rationaliste et matérialiste repose sur des principes de haute spiritualité dont elle a perdu le sens. Les marxistes, en associant spiritualité (la dialectique) et matérialisme ont inversé les valeurs, transformant l'esprit en matière. Engels illustra cela à merveille en 1888 (Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande):
« Mais, du coup, la dialectique des idées ne devint que le simple reflet conscient du mouvement dialectique du monde réel, et, ce faisant, la dialectique de Hegel fut totalement renversée, ou, plus exactement : elle se tenait sur la tête, on la remit de nouveau sur ses pieds. » 

L'expression « bête comme ses pieds » a un sens plus profond que l'on ne le pense...

La « fameuse » dialectique mérite d'ailleurs un approfondissement que je vous promets de faire bientôt, car, elle est le révélateur d'une science qui a nié et oublié son passé, ses racines.
Abordons maintenant le cas du matérialisme historique.

II. Le matérialisme historique 

Comme d'habitude, ce concept n'appartient pas à Marx mais à Feuerbach.
Plus remarquable encore, à l'exemple du matérialisme dialectique, Marx n'a jamais utilisé le terme de « matérialisme historique », il prononçait l'expression de « nouveau matérialisme » :
« Le nouveau matérialisme se situe au point de vue de la société humaine, ou de l’humanité sociale »
Source : Karl Marx "Thèses sur Feuerbach" 1845 La Pléiade, Œuvres tome 3, p. 1033

Dans la préface de Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande
(1888), Engels avoua lui-même la manipulation :
« Avant d'envoyer ces lignes à l'impression, j'ai ressorti et regardé encore une fois le
vieux manuscrit de 1845-46. Le chapitre sur Feuerbach n'est pas terminé. La partie rédigée
consiste en un exposé de la conception matérialiste de l'histoire qui prouve seulement combien
nos connaissances d'alors en histoire économique étaient encore incomplètes. La
critique de la doctrine même de Feuerbach y faisant défaut, je ne pouvais l'utiliser pour mon
but actuel. » 

Pour résumer, Engels a écrit les lignes manquantes, critiqué Feuerbach et tout attribué à Marx, lui offrant au passage un concept qu'il n'avait jamais énoncé !!!
Voilà deux exemples (je ne vais pas publier tout mon livre) qui illustrent comment on crée un mythe et cela est valable pour beaucoup de « grands génies » dont Keynes entre autres.
Toute notre pseudo-réalité est bâtie sur du vent.

« La démocratie n’a pas pour objet la limitation du pouvoir, mais la désignation de celui qui l’exerce. (...) La politique se contente de restreindre la guerre de tous contre tous en établissant deux classes dans la société, celle qui aura le droit d’exercer la violence, et celle qui en sera victime. L’innovation de la démocratie dans l’ordre politique est de permettre aux victimes une participation symbolique au pouvoir des dominants. La démocratie est un exutoire collectif de la libido dominandi. C’est la source de son succès universel. Que signifie en effet déposer un bulletin dans l’urne, sinon proclamer « Voici comment je veux que les autres vivent » ? Ce bulletin ne compterait-il que pour 1/100.000.000ème du résultat final, il est emblématique. Chaque enfant y découvre que lui aussi pourra participer à un grand mouvement d’asservissement de ses petits camarades, il aura la chance un jour de leur imposer son chef et ses lois. » Citation de Christian Michel







2 commentaires:

  1. je ne regrette pas la lecture de votre article, déjà le titre m'a attiré et j'ai découvert après un sujet qui m'a vraiment plu, je vous demande plus d'articles de ce genre, courage et merci.

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  2. Merci de partager un article comme le votre, bon continuation

    séjour marrakech

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