vendredi 8 février 2013

Le capitalisme centralisé régulé : la fabrique des pauvres




Afin aborder de façon précise le deuxième volet de « Marx sauvera-t-il le capitalisme ?, l'étude de la grille de lecture marxiste et de ses applications est devenue indispensable.
Notre système économique est en pleine métamorphose et, pour survivre, tente de mettre en place une hausse tendancielle du taux de profit. Les analyses marxistes sont ainsi systématiquement utilisées et détournées.
Voici donc un parfait exemple de la nouvelle économie centralisée régulée, un « modèle » d'avenir.


Les sociologues (et professeur de science politique) Richard Andrew Cloward (1926-2001) et Frances Fox Piven ont développé une stratégie politique concernant le système d'aide publique aux USA.
Cette stratégie est apparue au grand jour en mai 1966 dans un article intitulé Le poids des pauvres : une stratégie pour vaincre la pauvreté.
   
On le remarque ici, une très bonne lecture des écrits de Marx est directement mise en oeuvre.
Après la crise de 1929, de nombreux intellectuels avaient en effet compris que le système capitaliste recélait une faille majeure, son incapacité à réaliser le plein emploi et donc l'augmentation incessante de la misère.

Quelques années plus tard, sous prétexte de lutte contre la pauvreté, la « ClowardPiven strategy » suivait ainsi trois axes clés :
  • la lutte selon deux niveaux : fédéral et local . Elle reprenait ainsi le grand concept du philosophe et sociologue Marshall McLuhan (1911-1980) qui prônait le Glocal comme nouveau concept de gestion. Une lutte qui deviendra mondiale.
  • éviter « l'effondrement des mécanismes de financement »
  • éviter de « graves tensions politiques »  et donc créer un revenu minimum garanti « pour la nourriture et le loyer ».
Cependant, peu d'intellectuels ont compris à l'époque que cela impliquait obligatoirement un quatrième axe, bien plus pervers, celui de l'amortissement du coût de cette soi-disant lutte contre la pauvreté, car, rien n'est gratuit en ce bas monde.
Ainsi, Cloward et Piven ont « affiné » leurs analyses dans leur ouvrage clé publié en 1972, Regulating the Poor: The Functions of Public Welfare.
Le welfare state, l'État-providence s'adapte ainsi au marché et ceci dans le droit fil de la pensée socialiste schumpétérienne. Au menu, allocation de survie, flexibilité totale, baisse des coûts de production (main d'oeuvre gratuite) et ce, dans le monde entier.
Une « magnifique » restructuration de la protection sociale pour l'adapter au marché.

En effet, sous prétexte d'insertion dans le monde du travail, l'allocataire de l'aide sociale de l'état providence est de plus en plus mis à disposition aux entreprises avec un coût quasi nul pour celles-ci . L'effet pervers est de maintenir le travailleur pauvre dans la précarité en l'empêchant de sortir de ce système.
Nous avons donc là un bel exemple d'application d'une lecture marxiste inversée de l'économie et de l'adaptation du système pour survivre, le capitalisme centralisé régulé, un système dans lequel l'état est au service des acteurs de la production, une « magnifique » vision de l'avenir...



 

mercredi 6 février 2013

Politique et économie


Le Président, réalisé par Henri Verneuil en 1961 est un film à part. Il dévoile les dessous de la politique qui, sous le masque de l'intérêt général, ne sert que les intérêts particuliers.
L'ancien président du Conseil, Émile Beaufort (Jean Gabin) prononce un discours exceptionnel à l'Assemblée nationale. Bien sûr, il s'agit de politique-fiction car, de nos jours, un tel discours est impensable. L'art de ramper a atteint des sommets...



lundi 4 février 2013

Marx reloaded




Petite remarque, 
le concept de fétichisme de la marchandise dont on parle tant dans le documentaire n'appartient pas à Karl Marx (encore une fois de plus) mais à Auguste Comte.
Il est développé dans Discours sur l'esprit positif (1842) :
"La plus immédiate et la plus prononcée constitue le fétichisme proprement dit,
consistant surtout à attribuer à tous les corps extérieurs une vie essentiellement analogue à la
nôtre, mais presque toujours plus énergique, d'après leur action ordinairement plus puissante."


Source p 6/72 :  Auguste Comte, "Discours sur l’esprit positif."