lundi 15 juillet 2013

Crise systémique : le retour ?



Le système économique actuel basé sur la dette est démesurément financiarisé, un système que condamne l'ensemble des économistes. Certains pensent que la régulation (Bâle III) va résoudre le problème. Pour ma part, le problème de la régulation reste posé car les montants en jeux engendrés par l'hyper financiarisation sont gigantesques. En effet, la Banque des Règlements Internationaux (BRI, la Banque des banques) évaluait les produits dérivés (des produits financiers) à  632 579 milliards de dollars en décembre 2012.

Sur le plan mondial 16 organismes financiers concentrent l'essentiel de ces produits selon l'ISDA (Association Internationale des produits dérivés).
L'ISDA est une association de professionnels regroupant les principaux intervenants sur les marchés financiers des produits dérivés.

Plus inquiétant encore, l'OCC, l'Office of Comptroller of the Currency, l'organisme gouvernemental de tutelle des banques US, dépendant du trésor américain, démontre que le marché des produits dérivés aux USA est entre les mains de quatre banques. 4 banques US (page 18/40) concentrent donc 208 000 milliards de produits dérivés alors que l'ensemble de ces produits représente 223 000 milliards. J P Morgan (page 32/40) par exemple totalise environ 69 000 milliards de dollars de produits dérivés avec une exposition totale de 335 milliards de dollars soit 228% de son capital

Le quotidien La tribune expliquait :
"Il fallait réguler ces produits dérivés parce que certaines faillites ont révélé les dysfonctionnements de ce marché", a souligné le commissaire européen, rappelant que "80% des échanges se font de gré à gré, échappent donc à tout contrôle et sont des facteurs de risque pour tout le système".
Ces produits passeront donc par des chambres de compensation, des organismes dotés de fonds propres jouant le rôle de fonds de garantie car tout le monde cherche le Graal : la rentabilité sans risques. 

Mais, c'est Avinash D. Persaud, expert en finance, qui explique le mieux le problème et désigne celui qui
régulera in fine dans la  Revue de la stabilité financière (N° 17 • Avril 2013) de la Banque de France :
"Les responsables politiques appellent à la négociation, au grand jour, de tous les instruments sur des marchés organisés. D’aucuns estiment que, si des opérateurs ne veulent pas négocier des instruments complexes sur des marchés organisés (où tout le monde peut vérifier les prix, les quantités et les modalités) ou faire appel à une contrepartie centrale pour leur compensation et leur règlement, il faut exclure ces instruments de la négociation. Il convient de noter que cette proposition bénéficierait aux marchés organisés, dont bon nombre ne sont plus des entités mutualistes mais des entités à but lucratif. Il n’est pas étonnant que certains d’entre eux prônent ou souscrivent à l’idée que tout devrait se dérouler sur un marché organisé, ou du moins que toutes les transactions devraient passer par des chambres de compensation dont, en général, les marchés organisés sont aussi les propriétaires."
La régulation de la finance nécessite en effet que l'on finance la régulation et la boucle est bouclée.
Il est bon de rappeler que le verbe réguler provient du latin regulare qui signifie diriger.

Cependant l'essentiel n'est pas là. En effet, ces organismes pourront-ils fournir les fonds propres nécessaires à la mise en place des accords de Bâle III, la clé de la régulation ? Quel sera l'impact sur le financement de l'économie réelle ? Or, l'ISDA est très critique envers la mise en place des règles prudentielles de Bâle III et indique que « les effets des règles proposées vont probablement pousser à une disparition de liquidité significative sur le marché, évaluée entre 15 700 Milliards de dollars à 29 900 Milliards de dollars. » Elle avertit clairement que les effets pro-cycliques de la mise en place de Bâle III sont contraires à l'esprit de la régulation qui vise une meilleure résilience des marchés financiers.
L'ISDA n'est pas la seule à tirer la sonnette d'alarme et Frédéric Oudéa , président directeur de la Société Générale, précisait :
Les propositions tendant à rendre obligatoire un appel de marge initial bilatéral pour les produits
dérivés non compensés pourraient entraîner un assèchement important et procyclique de la liquidité financière et accroître le risque systémique plutôt qu’à le réduire. En dépit de ses dimensions apparentes, il n’y a guère plus de 20 000 négociations sur produits dérivés de gré à gré effectuées chaque jour dans le monde entier, selon les chiffres du secteur.

Le Shadow banking (finance fantôme) évalué à 60 000 milliards de dollars vers la fin de 2011 se développe de façon alarmante suite à la mise en place des règles prudentielles. Je reste donc très inquiet, et je ne suis pas le seul, concernant les risques d'un deuxième krach (une crise de la régulation ?) supérieur à celui de septembre 2008. 

Il serait donc judicieux de repenser le volet financier de notre système économique en introduisant une finance basée sur des actifs tangibles interdisant les paris sur la fluctuation des prix, une finance éthique.
 
En effet la situation est urgente. Il faut savoir que contrairement à l'idée reçue, les banques dans leur ensemble ne s'enrichissent pas, mais plutôt, à l'exemple des éléphants, se cachent pour mourir et nous assistons à la formidable concentration du secteur bancaire !
Aux USA, le nombre de banques est ainsi passé de 13 400 le premier janvier 1988 à 5 984 en mars 2013.



La financiarisation extrême de l'économie n'existe que lorsque les dettes deviennent colossales, l'argent réel se raréfiant. La finance actuelle s'est ainsi développée à la suite de la fin des accords de Bretton Woods, la fin de la convertibilité du dollar en or le 15 août 1971 et surtout, l'instauration du régime de changes flottants en mars 1973.
Ne l'oublions jamais, ce sont les réglementations interdisant aux entreprises de se couvrir contre le risque de change en plein régime de changes flottants qui ont poussé les institutions financières à imaginer des produits financiers tels que les swaps (un contrat d'échange de flux financiers entre deux parties) afin de se protéger.
 
La finance permet de plus la transformation de l'argent futur en espèces sonnantes et trébuchantes bien présentes et le culte de la croissance finira par engendrer son double opposé, la croissance du culte.
Le temps est donc essentiel et surtout son étrange relation avec la vitesse. Pas étonnant que les transactions soient de plus en plus rapides. Cosmopolis, le roman phare de Don DeLillo (2003) reprenait cette idée. Face à la baisse des profits, l'homme (l'hybris) s'affronte à Chronos, tente de le fractionner en unités toujours plus petites, et, sans le savoir génère le chaos, la fameuse entropie du système.




Je ne peux m'empêcher de penser à notre cher Sisyphe, condamné à faire rouler éternellement en haut d'une montagne un rocher, qui en redescendait chaque fois avant de parvenir au sommet.
Aujourd'hui, Sisyphe a inventé l'ascenseur et se retrouve obligé de rouler sa grosse pierre dans un mécanisme, qui va de plus en plus vite...
 

jeudi 4 juillet 2013

Economie et violence


La fameuse grande loi du capitalisme de marché repose sur les travaux de Léon Walras, le fameux équilibre général basé sur la concurrence pure et parfaite, un concept totalement théorique. Le seul équilibre existant étant surtout celui de la terreur et le déséquilibre général est devenu la règle. Les économistes oublient ainsi dans leurs analyses le grand médiateur tout puissant, l'alpha et l'oméga des marchés : la violence. Nous pourrons donc continuer à donner le prix Nobel d'économie à ceux qui tentent de trouver l'équilibre général dans l'hypocrisie générale la plus totale.

La violence de l'économie n'est que le reflet du miroir d'une économie de la violence...

La criminalité organisée transnationale est donc au coeur de l'économie mondiale avec une part croissante des financements issus des trafics en tous genres, une véritable gestion mafieuse du système économique des sociétés contemporaines.

Ancien officier supérieur des services de renseignement français, Alain Rodier est spécialiste du renseignement militaro-industriel, du terrorisme et de la criminalité organisée, les fameuses Organisations criminelles transnationales (OCT). Il a écrit dans une note du 13 juin 2012 publiée sur le site du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) :

« Une partie importante de l'argent sale issu des profits tirés des différentes activités du crime organisé est redirigée vers des investissements respectables sur les marchés financiers. » 
Sa conclusion est d'ailleurs sans appel : « La criminalité organisée transnationale représente donc un danger phénoménal pour l'économie mondiale. Elle a été fortement aidée par le libéralisme sauvage prôné par nombre d'économistes et repris par des responsables politiques. A la décharge de ces derniers, il faut bien reconnaître que leur marge de manœuvre est de plus en plus étroite, les Etats étant désormais interdépendants en raison de la mondialisation. Il est d'ailleurs légitime de se poser la question : qui commande qui ? Autre question intéressante : qui se cache derrière ce que l'on appelle les « marchés ? »


Les trafics de drogue, d'être humains , d'armes, de cigarettes, d'espèces protégées, sont connus, mais apparaissent désormais de nouveaux débouchés très lucratifs comme les trafics de déchets dangereux ou d'organes.

L’ONU estime que le blanchiment de l'argent de la drogue représente 1000 milliards de dollars par an. Il faudrait y ajouter les opérations illégales de capitaux : évasion fiscale, corruption, détournement de fonds, sans compter le shadow banking (la finance fantôme), échappant à toute régulation et représentant environ 60 000 milliards de dollars (fin 2011), le PIB de la planète aujourd'hui avec les tentatives de régulation (Bâle III).

Le marché international du trafic d'armes est évalué à 1 200 milliards de dollars par an
Le trafic de cigarettes représente un dixième des ventes mondiales, soit 600 milliards de cigarettes. 347 tonnes de tabac et cigarettes ont été saisies en France en 2010, soit une augmentation de 30 % en un an.

La prostitution, le premier emploi dans le monde, concernerait 40 à 42 millions de personnes selon le  rapport mondial de la Fondation Scelles sur l’exploitation sexuelle, sorti le 10 janvier 2012. 0,6% de la population mondiale se prostitue. 75% de ces personnes ont entre 13 et 25 ans et 90% d’entre elles dépendent d’un proxénète. Les femmes et fillettes représentent 80% du nombre total de personnes qui se prostituent.

Selon les estimations, 3000 enfants environ seraient victimes chaque jour de trafiquants. Aux Philippines, selon l'UNICEF, il y aurait de 60 000 à 100 000 enfants prostitués.

En 2010, les revenus annuels de la prostitution étaient estimés à plus de 187 milliards de dollars.

Avec la crise, la prostitution est un business en pleine croissance, surtout en Europe comme en Espagne  ou en Grèce
Les trafics de déchets sont peu médiatisés. Ils représentent pourtant des sommes colossales.

Le coût de plus en plus élevé du traitement de ces déchets dans les pays occidentaux a en effet favorisé le développement de trafics internationaux. Chaque année les pays industrialisés produisent plus de 300 millions de tonnes de déchets. Le prix moyen de recyclage d’une tonne de produits dangereux pouvant grimper jusqu’à 1.100€ nous comprenons mieux le système actuel mis en place par les mafias pour « délocaliser » les déchets les plus toxiques que l'on jette sur les côtes d'Afrique (Somalie entre autre).



Lawrence Summers, ancien directeur du conseil économique national de la Maison-Blanche avait d'ailleurs donné sur ce sujet une explication limpide et imparable en décembre 1991, dans une note interne, alors qu’il était économiste en chef de la Banque mondiale : « Les pays sous-peuplés d’Afrique sont largement sous-pollués. La qualité de l’air y est d’un niveau inutilement élevé par rapport à Los Angeles ou Mexico. Il faut encourager une migration plus importante des industries polluantes vers les pays moins avancés. Une certaine dose de pollution devrait exister dans les pays où les salaires sont les plus bas. Je pense que la logique économique qui veut que des masses de déchets toxiques soient déversées là où les salaires sont les plus faibles est imparable. [...] L’inquiétude [à propos des agents toxiques] sera de toute évidence beaucoup plus élevée dans un pays où les gens vivent assez longtemps pour attraper le cancer que dans un pays où la mortalité infantile est de 200 pour 1 000 à cinq ans ». Source The Economist (8 février 1992) et The Financial Times (10 février 1992).

La journaliste du New York Times, Elisabeth Rosenthal (le 27 septembre 2009), a étudié le marché des « délocalisations de déchets » et rapporte que 16 % des exportations de déchets sont illégales .
Le trafic d'organes est en plein essor, un véritable marché d'avenir avec l'évolution des techniques de transplantation. Tout a un prix et nous sommes, sans le savoir, en possession d'un véritable trésor de plus en plus convoité.

Voici quelques estimations que l'on retrouve sur ici :

• Peau : 10 € par cm²
• Mains et avant-bras : 290 €
• Épaule : 380 €
• Estomac : 385 €
• Paire de globes oculaires : 1.150 €
• Artère coronaire : 1.150 €
• Intestin grêle : 1.910 €
• Cœur : 90.000 €
• Foie : 157.000 €
• Rein : 200.000 € 
Avec de tels montants les prélèvements "sauvages" se multiplient
Selon une estimation de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la contrefaçon génèrerait 250 milliards de dollars de revenus criminels par an.

Plus grave encore, elle concernerait de plus en plus les médicaments.

« Les médicaments frauduleux suscitent de plus en plus d’inquiétudes dans le monde entier, mais plus particulièrement dans les pays en développement. »

Le commerce illicite d'espèces protégées (tortues, serpents, perroquets, etc, etc) est lui aussi en plein essor.

Le montant total de tous ces trafics donne le vertige, des montants qui ont littéralement infecté l'économie mondiale. Pourtant, les criminels ne sont en quelque sorte que des businessmen sans scrupules qui répondent à une demande du marché car, sans demande des clients, la prostitution enfantine par exemple ne pourrait exister.

Dénoncer et enfermer le criminel permet d'oublier l'extrême complicité de l'ensemble de l'humanité et l'on retombe encore et toujours à la source du problème : la psyché.


jeudi 27 juin 2013

La métamorphose de la mondialisation



Voici un extrait de mon intervention au Colloque (Maghreb et mondialisation) du vendredi 21 juin à la salle de conférence de l'Assemblée Nationale.
Il permettra de mieux comprendre la résilience (l'adaptation à un environnement changeant) des grandes structures régionales afin de résister à l'impact de la crise, une véritable métamorphose de la mondialisation.
Pour commencer, un état des lieux de l'économie mondiale s'avère indispensable. Il permettra en effet de mieux appréhender les difficultés actuelles ainsi que l'urgente nécessité de repenser nos modèles économiques (américains ou chinois).

Tout d'abord, il faut évaluer l'impact de la crise sur les échanges mondiaux. Pour cela, il existe un indicateur de premier ordre que j'ai déjà étudié sur ce blog (un rappel est nécessaire ici) : le Baltic Dry Index (BDI) qui sert à mesurer le niveau des prix du transport maritime de matières sèches, une moyenne des prix pratiqués sur 24 routes mondiales de transport. Cet indice est un excellent indicateur de la future production industrielle. En effet, les matières sèches de cet indice concernent les minerais, les céréales, le ciment par exemple, autant de produits de base qui seront dans un proche avenir transformés.

Source : Baltic Dry Index

Comme nous pouvons le constater, la sortie de crise, n'est pas à l'ordre du jour et, de plus, nous assistons ces derniers mois à une chute constante de cet indice qui était le 24 mai 2013, à 828 points. Nous retournons lentement mais sûrement vers les abysses de la fin 2008 malgré les milliers de milliards de dollars injectés en pure perte. Pour rappel, avant la crise, en mai 2008, l'indice avait atteint son record de 11 793 points. Nous comprenons mieux ainsi la contraction de l'activité manufacturière en Chine qui s'inscrit dans un contexte mondial d'effondrement des échanges.

B. Impact de la crise en Chine et résilience

L'indice PMI (Purchasing Managers Index) des directeurs d'achat de la Chine publié il y a quelques jours par HSBC s'est établi à 49,6. Tombant sous la barre des 50, il indique clairement une contraction de l'économie chinoise. De plus, avec une croissance du PIB estimée à 7,5% en 2013 (plus proche des 7% pour ma part), la Chine va entrer dans une très forte zone de turbulence. En effet, la Chine doit intégrer 20 millions de travailleurs chaque année (démographie, immigration et exode rural) ce qui l'oblige à ne pas descendre en dessous des 7,5% de croissance. La pression sociale qui a engendré de très fortes hausses de salaires (17,1% en 2012) et l'impact des coûts environnementaux posent désormais de gros problèmes de compétitivité à la Chine qui voit se développer ses concurrents asiatiques.
Pour lutter contre cela, la Chine a mis en place un renforcement de ses échanges (+ 30,2% en mars 2013) au sein de l'ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) et développé en mai 2013, la création d’un espace douanier commun.

C. Impact de la crise aux USA et résilience

Le modèle économique américain connaît lui aussi de gros problèmes. Voici quelques chiffres peu connus du public :
- la dette du gouvernement fédéral américain a franchi la barrière des 100% de dettes en mars 2012 (105% aujourd'hui). Les USA injectent 1200 milliards de dollars (plus de 100 milliards par mois) dans leur économie chaque année depuis la mise en place des Quantitative Easing (QE1, 2 et 3) et cela n'est pas prêt de s'arrêter.
Source : Mon blog
- 10,6% des crédits immobiliers résidentiels US (qui représentent environ 5000 milliards de dollars) ne sont pas remboursés aux USA selon le dernier rapport de l'OCC (Office of the Comptroller of The Currency, page 13/69) un organisme du trésor américain chargé de la tutelle des banques. L'immobilier commercial est lui aussi déprimé. Les dépenses de construction ont de plus chuté de 37 milliards de dollars par rapport à la fin 2012.
- le taux de chômage ne reflète en rien la réalité car des millions d'américains ont dépassé la durée maximale de perception des allocations chômage. Ils ne perçoivent donc plus ces allocations et disparaissent des statistiques. La plupart des Etats américains versent une allocation chômage (State Unemployment Insurance Benefits) pour une durée maximale de 26 semaines alors que la durée moyenne de chômage est de 36,9 semaines en mai 2013.
Face aux difficultés, les USA ont en effet développé les échanges au sein de l'ALENA : +70% avec le Canada et +80% avec le Mexique depuis le début de la crise selon le centre de recherche de la Fed de St Louis. Parallèlement, les USA ont réduit considérablement leurs importations hors ALENA ce qui démontre l'importance d'une intégration régionale. Les importations de produits chinois ont ainsi diminué de 12,2 milliards de dollars sur les cinq derniers mois (39,5 MD$ en novembre 2012 à 27,3MD$ en mars 2013). La croissance des échanges au sein de l’ALENA permet ainsi de moins subir la concurrence des importations chinoises et cela traduit l’effort de croissance dans la zone nord-américaine.

D. Impact de la crise en Europe et résilience

L'Europe est elle aussi touchée de plein fouet par une crise sans précédent et, pour le démontrer, il suffit d'analyser l'explosion de la dette des pays européens depuis 2008.
La dette de la Grèce s'est littéralement envolée depuis 5 ans passant de 107% à 165% de son PIB (x 1,5). Pour l'Irlande la dette publique a été multipliée par cinq depuis 2007 et dépassera 120 % de son PIB en 2013. Le niveau d'endettement espagnol a doublé en cinq ans et atteint aujourd'hui 85% du PIB. La France s'approche désormais de la barrière fatidique des 100% de dette et atteindra le chiffre record de 93,4% de dette fin 2013 selon la Commission européenne.
La dette de l'Allemagne et du Royaume-Uni atteint désormais 83%.
L'Europe risque donc la dislocation et n'aura qu'une seule solution (ce que j'écris depuis le début de la crise), la création d'un Fonds Monétaire Européen (FME). Le FESF (Fonds européen de stabilité financière) créé en mai 2010, puis le MES (mécanisme européen de stabilité) chapeautés par le CERS (Comité européen du risque systémique) ne sont que les étapes vers ce qui semble inéluctable car, face aux montagnes de dettes, il faut un prêteur en dernier ressort. Ces dispositifs ne peuvent pas en effet émettre de dettes (euro-obligations/euro-bonds) et chaque état, déjà lourdement endetté (notes dégradées) doit alimenter ces fonds avec une divergence croissante des taux d’intérêt (spread) sur la dette souveraine. L’Europe sortira donc renforcée par cette crise car elle se dotera d’une BCE ayant le monopole de l’émission de l’euro, de fonds propres (création d’un impôt européen ?) et surtout d’un trésor européen.
Malgré tout, les volumes d'échanges mondiaux de marchandises ont considérablement chuté et le chômage augmentera encore et toujours.
Nous le voyons clairement, nous assistons avec la crise à une métamorphose de la mondialisation.
D'un côté, l'échange de marchandises intercontinental s'effondre, de l'autre, les échanges régionaux se développent parallèlement au renforcement de la gouvernance de ces régions, une forme de protectionnisme régional. 
Pour pousser plus en profondeur l’analyse, il convient de comprendre la quintessence de tout mouvement. 
Un mouvement nécessite en effet l'union de deux forces antagonistes à l’exemple de la flexion du bras (ou de la jambe) qui met en jeu deux muscles opposés ou antagonistes : le biceps contracté et le triceps décontracté.

L’union des contraires encore et toujours…