Bonjour à tous.
Aujourd'hui, nous allons nous pencher sur un des mystères des évangiles : les noces de Cana.
Comme je l'ai expliqué dans mon ouvrage, le problème vient toujours de la traduction. L'unique source des noces de Cana est Jean 2 versets 1 à 11. Dans l'ensemble des variantes de la traduction grecque, Jésus est présenté comme "invité" aux noces, or, lorsque l'on se penche sur le texte la traduction est erronée.
Le mot grec : ἐκλήθη (eklḗthē)
Ce mot vient du verbe καλέω (kaleô), qui signifie fondamentalement « appeler », « convoquer », parfois « nommer ».
C’est un aoriste passif indicatif : « il fut appelé », ou plus littéralement « on l’appela ». Donc, le sens premier est « il fut appelé », non « il fut invité » — cette dernière est une traduction interprétative, orientée par le contexte (un mariage).
Voici comment les traductions majeures traduisent ce verset :
Version | Traduction |
---|---|
TOB | « Jésus aussi avait été invité aux noces avec ses disciples. » |
Louis Segond | « Jésus fut aussi invité aux noces avec ses disciples. » |
Bible de Jérusalem | « Jésus aussi fut invité, ainsi que ses disciples. » |
Traduction littérale (mot à mot) | « Jésus aussi fut appelé, et ses disciples, au mariage. » |
Les traducteurs choisissent invité parce que le contexte est social (un banquet de noces).
Mais si l’on garde le sens brut du grec, kaleô peut aussi signifier « appeler à une mission », ou « convoquer à un événement qui le concerne ».
La question théologique
Et si Jésus n’était pas simplement invité, mais appelé à son propre mariage ?
C’est une hypothèse symbolique et spirituelle qui a été explorée dans certaines lectures mystiques anciennes.
Quelques points :
-
Dans la tradition patristique, notamment chez saint Augustin et Origène, le mariage de Cana est souvent lu comme une image des noces spirituelles entre le Christ et l’Église.
→ Jésus n’est donc pas invité à un mariage d’autrui, mais il appelle lui-même les convives à ses propres noces mystiques. -
La Vulgate latine traduit vocatus est (« il fut appelé »), ce qui garde cette ambiguïté : appelé par qui ? et à quel titre ?
-
Il y a de plus Jean 3:29 — « l’époux, c’est celui à qui appartient l’épouse » qui enfonce le clou.
Voici le résumé linguistique et théologique
Aspect | Détail |
---|---|
Mot grec | ἐκλήθη (eklḗthē) |
Sens littéral | Il fut appelé / convoqué |
Traduction traditionnelle | Il fut invité |
Autre sens possible | Il fut appelé à ses propres noces (lecture symbolique) |
Références parallèles | Jean 3:29 ; Matthieu 22:1-14 (parabole des noces) |
Théologie | Les noces de Cana = image des noces du Christ et de l’Église |
Ce que disent les sources historiques et patristiques fiables
Les Pères de l’Église (Origène, Augustin, Jean Chrysostome, Cyrille d’Alexandrie, etc.) ont abondamment commenté les noces de Cana, mais aucun ne suggère que Jésus s’y soit marié ni qu’il ait eu une épouse humaine.
Voici leurs lectures principales et Interprétation du mot ἐκλήθη (« appelé ») :
Origène (IIIe siècle) dans ses Commentaire sur Jean, III, 28) : |
Jésus est « appelé » non pour épouser
une femme, mais pour être reconnu comme l’Époux de l’Église, les noces de Cana préfigurant celles du Christ avec son peuple.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire