mercredi 8 octobre 2025

Les noces de Cana, le mariage de Jésus et Marie-Madeleine

Bonjour à tous. 

Aujourd'hui, nous allons nous pencher sur un des mystères des évangiles : les noces de Cana.

Comme je l'ai expliqué dans mon ouvrage, le problème vient toujours de la traduction. L'unique source des noces de Cana est Jean 2 versets 1 à 11. Dans l'ensemble des variantes de la traduction grecque, Jésus est présenté comme "invité" aux noces, or, lorsque l'on se penche sur le texte la traduction est erronée.

Le mot grec : ἐκλήθη (eklḗthē)

Ce mot vient du verbe καλέω (kaleô), qui signifie fondamentalement « appeler », « convoquer », parfois « nommer ».
C’est un aoriste passif indicatif : « il fut appelé », ou plus littéralement « on l’appela ». Donc, le sens premier est « il fut appelé », non « il fut invité » — cette dernière est une traduction interprétative, orientée par le contexte (un mariage).

Voici comment les traductions majeures traduisent ce verset :

VersionTraduction
TOB
« Jésus aussi avait été invité aux noces avec ses disciples. »
Louis Segond« Jésus fut aussi invité aux noces avec ses disciples. »

Bible de Jérusalem
« Jésus aussi fut invité, ainsi que ses disciples. »

Traduction littérale (mot à mot)
« Jésus aussi fut appelé, et ses disciples, au mariage. »

Les traducteurs choisissent invité parce que le contexte est social (un banquet de noces).
Mais si l’on garde le sens brut du grec, kaleô peut aussi signifier « appeler à une mission », ou « convoquer à un événement qui le concerne ».

La question théologique

Et si Jésus n’était pas simplement invité, mais appelé à son propre mariage ?

C’est une hypothèse symbolique et spirituelle qui a été explorée dans certaines lectures mystiques anciennes.
Quelques points :

  • Dans la tradition patristique, notamment chez saint Augustin et Origène, le mariage de Cana est souvent lu comme une image des noces spirituelles entre le Christ et l’Église.
    → Jésus n’est donc pas invité à un mariage d’autrui, mais il appelle lui-même les convives à ses propres noces mystiques.

  • La Vulgate latine traduit vocatus est (« il fut appelé »), ce qui garde cette ambiguïté : appelé par qui ? et à quel titre ?

  • Il y a de plus Jean 3:29 — « l’époux, c’est celui à qui appartient l’épouse » qui enfonce le clou. 

  • Voici le résumé linguistique et théologique

AspectDétail
Mot grecἐκλήθη (eklḗthē)
Sens littéralIl fut appelé / convoqué
Traduction traditionnelleIl fut invité
Autre sens possibleIl fut appelé à ses propres noces (lecture symbolique)
Références parallèlesJean 3:29 ; Matthieu 22:1-14 (parabole des noces)
ThéologieLes noces de Cana = image des noces du Christ et de l’Église

Ce que disent les sources historiques et patristiques fiables

Les Pères de l’Église (Origène, Augustin, Jean Chrysostome, Cyrille d’Alexandrie, etc.) ont abondamment commenté les noces de Cana, mais aucun ne suggère que Jésus s’y soit marié ni qu’il ait eu une épouse humaine.

Voici leurs lectures principales et Interprétation du mot ἐκλήθη (« appelé ») :

Origène  (IIIe siècle) dans ses Commentaire sur Jean, III, 28) :
Jésus est « appelé » au mariage pour sanctifier le mariage humain, non pour s’y unir. Il manifeste ainsi la bénédiction divine sur l’union.

Jean Chrysostome ( IVe siècle) Homélie XXI sur Jean :
Il dit que Jésus « est appelé » (eklḗthēcomme témoin et bienfaiteur, afin de révéler sa gloire en accomplissant son premier miracle.

Saint Saint Augustin (Ve siècle), Tractatus IX in Ioannem :
Jésus est « appelé » non pour épouser
une femme, mais pour être reconnu comme l’Époux de l’Église, les noces de Cana préfigurant celles du Christ avec son peuple.

Cyrille d’Alexandrie, Ve siècle, Commentaires sur Jean, II,1 :
Il voit dans Cana le symbole du renouvellement spirituel, où l'eau de l'ancienne alliance devient le vin de la nouvelle alliance. 

En résumé

Le verbe grec ἐκλήθη (« il fut appelé ») peut effectivement être lu dans un sens symbolique : Jésus « appelé » à ses propres noces mystiques, l'époux de l'Eglise. Cependant, on ne peut écarter l'autre sens, plus humain, celui de l'union de Jésus et Marie-Madeleine. Pour ma part, il s'agit des 2 car ce qui est en haut est comme ce qui est en bas...